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Marketing

Marketing moderne : Qui est le père ? L’histoire et l’impact

L’histoire du marketing moderne n’a rien d’une fresque paisible. À l’origine, un simple savon, des campagnes qui bousculent les habitudes… et soudain, plus personne ne parle du produit, mais de ce qui se trame dans la tête du client. Une poignée d’esprits iconoclastes s’emparent du storytelling et inversent la perspective : la publicité cesse d’être un monologue et devient un jeu de miroirs où désirs et frustrations du public dictent les règles. Ce bouleversement a redessiné l’art de vendre, bien au-delà de la réclame d’antan.

Faut-il voir en Philip Kotler l’incontestable chef d’orchestre du marketing moderne ? Ou saluer l’audace d’un John Wanamaker, pionnier oublié mais génial dans sa façon d’écouter la rue ? Derrière ce duel de géants, un débat qui déchaîne autant les puristes que les amateurs de belles histoires : qui a vraiment donné naissance à cette discipline qui modèle nos envies, parfois en douce ? Les noms s’affrontent, mais l’influence de ces précurseurs se lit dans chaque campagne virale d’aujourd’hui.

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Le marketing moderne : une invention ou une évolution naturelle ?

Le marketing moderne n’est pas tombé du ciel, ni sorti tout armé du cerveau d’un génie solitaire. Il s’est construit au fil des ruptures technologiques, de la révolution industrielle jusqu’à l’explosion de la société de consommation. Au XXe siècle, les entreprises saisissent enfin le potentiel de la segmentation, s’essaient au marketing direct et apprennent à composer avec des consommateurs bien plus exigeants qu’avant.

Le fameux marketing mix et ses « 4P » (produit, prix, distribution, promotion) deviennent la boussole des marques. Mais la boîte à outils ne cesse de s’élargir :

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  • « 5A »
  • « 5E »
  • « 6S »

s’ajoutent à l’arsenal des stratèges du secteur. Les études de marché évoluent : exit l’intuition pure, place à l’analyse raffinée, aux panels, aux enquêtes croisées, pour décoder au plus près les envies du public.

Puis déferle la vague du big data et des médias sociaux. Les marques traquent les traces numériques, peaufinent leur CRM et orchestrent des campagnes omnicanales. Avec le marketing digital et l’intelligence artificielle, de nouveaux horizons s’ouvrent :

  • personnalisation sur-mesure,
  • budgets publicitaires taillés au scalpel,
  • lecture granulaire des comportements clients.

Impossible, dès lors, de trancher entre invention pure et lente mutation. Marketing de la valeur, relation client : la discipline devient un champ de bataille où la donnée, la technologie, l’humain et la narration s’enchevêtrent sans cesse. Le consommateur n’est plus une cible, mais un complice.

Qui peut vraiment être considéré comme le père du marketing ?

Chercher le père du marketing, c’est plonger dans une arène où s’affrontent écoles et sensibilités. Deux figures, pourtant, s’imposent : Edward Bernays et Philip Kotler.

Bernays, neveu du célèbre Freud, pose dans les années 1920 les jalons d’une communication moderne et de la publicité d’influence. Sa campagne pour Lucky Strike, où il transforme la cigarette en symbole d’émancipation féminine, reste un cas d’école. Son livre « Propaganda » devient la bible des spin doctors. À travers lui, le marketing ne se contente plus de vendre : il façonne les désirs, manipule à grande échelle.

Face à ce stratège de l’ombre, Philip Kotler s’impose auprès des universités. Professeur à la Kellogg School of Management, il codifie dans les années 1960 le marketing moderne : segmentation pointue, analyse du marché, gestion de marque, tout y passe. Son « Marketing Management » s’impose sur tous les continents. L’AMA (American Marketing Association) s’appuie sur ses concepts pour donner au marketing ses lettres de noblesse scientifiques.

  • Bernays : maître de la persuasion, artisan de la propagande commerciale.
  • Kotler : architecte du marketing comme science de gestion, théoricien du marketing mix.

Le Wall Street Journal et la plupart des experts contemporains voient en Philip Kotler le père du marketing moderne. Mais dans les coulisses, l’influence de Bernays imprègne toujours la pratique quotidienne des communicants.

Des pionniers aux figures incontournables : portraits et controverses

Le marketing ne se résume pas à un arbre généalogique à deux branches. Entre Edward Bernays et Philip Kotler, d’autres acteurs ont laissé leur marque. Procter & Gamble invente le « brand management » dans les années 1930, érigeant la marque en actif central. Michelin publie son guide dès 1900 et crée la fidélisation par le contenu, bien avant que le storytelling digital ne devienne la mode.

Dans les années 1970, la France s’initie au marketing avec Bic et Carrefour. Bic démocratise le jetable, impose ses codes publicitaires ; Carrefour invente l’hypermarché, rebat la relation client et élabore la marque distributeur. Le modèle américain inspire, mais les marchés locaux adaptent et réinventent. Aujourd’hui, Amazon et Apple poursuivent cette aventure : leur force réside dans la donnée, l’innovation produit, la puissance du branding.

Les disputes ne sont pas près de s’éteindre. Les spécialistes s’écharpent sur la paternité du concept. Les universitaires anglo-saxons sacralisent Kotler, les praticiens de la communication vantent Bernays. D’autres, comme les équipes de Procter & Gamble ou les pionniers du CRM, réclament leur part dans cette construction collective. L’irruption des réseaux sociaux et du big data redistribue les cartes : le marketing moderne ressemble moins à l’œuvre d’un seul homme qu’à un laboratoire bouillonnant, nourri par la créativité des entreprises et les attentes du public.

philip kotler

Pourquoi l’héritage du marketing moderne façonne encore nos sociétés

L’influence du marketing moderne s’étend bien au-delà des rayonnages de grande surface. Désormais, il s’infiltre dans tous les recoins de la vie économique et sociale.

Les marques ne se contentent plus de vendre un produit : elles bâtissent des mondes, cultivent une identité de marque forte et cherchent à créer une relation émotionnelle avec chacun. Le consommateur, hier simple spectateur, devient acteur de l’expérience.

Sur les réseaux sociaux, le storytelling transforme chaque client en ambassadeur potentiel, propulsant l’image de marque à la vitesse du partage. Les entreprises misent sur l’innovation, réinventent leur discours et exploitent la donnée pour anticiper les envies, personnaliser à grande échelle, automatiser ce qui peut l’être. La frontière entre message et échange s’efface ; une nouvelle grammaire de l’engagement s’impose.

  • La brand equity devient le socle de la valeur perçue, guide la croissance et influence les stratégies d’investissement.
  • L’expérience client s’affirme comme l’arme décisive pour se distinguer sur des marchés saturés.

L’empreinte du marketing touche aussi à l’éthique : comment susciter l’intérêt sans tomber dans la manipulation, intégrer la diversité, ou redéfinir la place du consommateur à l’ère numérique ? Les débats sur les données personnelles et l’exigence de transparence rappellent que le marketing moderne reste une force qui façonne, questionne, et parfois dérange. Il n’a pas fini de réinventer les règles du jeu – ni de nous surprendre au détour d’une campagne.

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